vendredi , 20 septembre 2024
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Santé / Des avancées significatives dans l’approvisionnement en médicaments des établissements de santé publics en Côte d’Ivoire

 Selon les résultats de l’Enquête démographique et de santé (EDS) publiés en 2021, le taux de mortalité maternelle a subi une baisse significative, passant de 614 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2011 à 315 décès pour 100 000 en 2021.

Cette avancée tire sa source dans la politique sanitaire instaurée par le président de la République, Alassane Ouattara, se reflétant notamment, dans la mise en œuvre de la gratuité ciblée au sein des hôpitaux et pharmacies publiques. Cette mesure englobe divers services et actes médicaux à savoir, les consultations prénatales, les accouchements, les soins pour les enfants de zéro à cinq ans ainsi que la prise en charge du paludisme.

Quelques proches de patients interrogés par l’AIP lors d’une investigation dans les hôpitaux publics en témoignent.

Diane Golé, résidant dans la commune de Yopougon (Abidjan Ouest), précisément dans le quartier Koweït, est venue accompagner l’épous

e de son frère pour accoucher, elle y est retenue depuis trois jours. Cette jeune femme, explique qu’elle n’a pas eu à débourser quoi que ce soit pour le kit d’accouchement car fourni gratuitement. « Les kits d’accouchement sont gratuits. J’ai dépensé 16 000 FCFA pour acheter les médicaments qui manquaient à la pharmacie de la Formation sanitaire urbaine à base communautaire (FSUCOM) », a-t-elle déclaré.

Etat des lieux

Cette réalité est partagée par Freddy Kouamé, un autre proche de patient qui habite à Azito, un secteur de Yopougon. Il a accompagné sa voisine souffrant de paludisme et de paralysie aux urgences de l’Hôpital général de Yopougon Attié. Il se réjouit d’avoir pu obtenir la plupart des médicaments directement à l’hôpital grâce à la gratuité. « J’ai obtenu les médicaments de la gratuité, prescrits par le médecin dans la pharmacie de l’hôpital. Celui pour le paludisme n’était pas disponible, je l’ai acheté dans une autre pharmacie »,  explique-t-il.

Contrairement à Freddy Kouamé, Laho Issiaka, résidant à Cocody-les-deux-Plateaux, a un cousin souffrant d’une fracture au dos. Ce cousin est hospitalisé aux urgences chirurgicales du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Treichville mais n’a pas bénéficié des avantages de la gratuité ciblée. Il a pu se procurer tous les médicaments prescrits dans la pharmacie du CHU. Seul bémol, le coût des médicaments recouvrables et des examens (radio, scanners) à réaliser n’étaient pas abordables pour lui. En une journée, une somme de 150 000 FCFA a été dépensée.

Malgré ces efforts de l’État visant à rendre les soins plus accessibles dans les hôpitaux publics, les parents de patients déplorent le manque de communication de la part du personnel soignant concernant l’état de santé du patient. Ils souhaitent que ces professionnels soient également des conseillers psychologiques pour les patients, les rassurant en cas d’inquiétude. De plus, ils appellent à une amélioration des installations utilisées comme salles d’attente.

A cela s’ajoutent, la cherté de certains médicaments recouvrables et examens, ainsi que le manque de certains médicaments pour le traitement de pathologies.

 Éclaircissements des spécialistes des hôpitaux publics

Selon le médecin en chef de la FSUCOM Wassakara-Attié, Samson Amond Attoubou, l’établissement s’est engagé dans une démarche axée sur la qualité. « Nous désignons un ou deux parents par patient que nous enregistrons dans notre base de données. Nous partageons toutes les informations concernant le patient avec cette personne, car nous sommes liés par le secret professionnel, compte tenu des relèves fréquentes des proches », assure-t-il.

Il souligne que ces mesures ont été mises en place pour renforcer la sécurité des patients, en évitant notamment, les vols de bébés et de médicaments.

En réponse au problème de communication, un membre du personnel soignant s’entretient chaque matin avec les proches des patients, les informant sur la gratuité ciblée des médicaments et les guidant sur le comportement à adopter une fois à l’hôpital, dans le but de prévenir tout malentendu. « Tous les trois mois, nous organisons des réunions avec les leaders communautaires, afin qu’ils deviennent des relais d’information dans leurs communautés », poursuit-il.

« Les médicaments de la gratuité sont disponibles à 100%. Pour les autres pathologies telles que la gastroentérite (mal de ventre) et bien d’autres, les patients bénéficient de 30% de médicaments dans la pharmacie du FSUCOM et le reste, ils vont se le procurer à l’extérieur », ajoute-t-il. A cet effet, il précise que les tarifs de toutes les prestations sont affichés sur une bâche numérique à l’entrée de l’hôpital.

Le PCA de la FUSCOM Wassakara-Attié, Clément Ouattara, quant à lui, souligne que la gratuité prévoit ce qui est basic et urgent. Le Comité de médicament se réunit chaque mois et surtout en fonction des saisons pour voir les maladies fréquentes.

« Actuellement avec la saison des pluies, nous avons affaire à plus de paludisme. Donc nous prenons nos dispositions pour éviter le manque de médicaments du paludisme », relate-t-il.

Pour lui, la difficulté aujourd’hui, c’est que le juste prix n’est pas payé. Le volume de consommation est plus élevé que le budget dédié à la gratuité ciblée instaurée en 2011, alors que nous sommes maintenant en 2023. Les tarifs des intrants flambent, ce qui crée un déficit.

« D’autres personnes venant d’autres pays et même des résidents temporaires en Côte d’Ivoire choisissent de se faire soigner ici. Cela augmente la charge sur l’État et limite sa capacité à payer le prix adéquat pour les prestations », affirme Clément Ouattara.

Cependant, il recommande vivement à l’État d’accélérer la mise en place de la Couverture Maladie Universelle (CMU), de mettre fin à la gratuité ciblée et de responsabiliser la population.

M. Ouattara recommande également, que l’État garantisse la gratuité totale et la disponibilité de tous les médicaments couverts par la gratuité ciblée, de manière à ce que la Nouvelle Pharmacie de Santé Publique de Côte d’Ivoire (NPSP-CI) puisse soutenir toutes les structures de santé en mettant gratuitement à disposition tous les médicaments, mettant ainsi un terme aux difficultés rencontrées avec les patients.

Il estime aussi que l’État devrait augmenter le budget alloué à la gratuité ciblée, construire de nouveaux hôpitaux pour désengorger les établissements existants et demander aux citoyens de prévoir un minimum pour leurs soins, car l’État ne peut pas tout supporter seul.

« D’autres habitants en séjour en Côte d’Ivoire se soignent ici, de même que des ressortissants d’autres pays. Cela alourdit les charges de l’Etat et fait que le ministère de la santé ne peut pas payer au juste prix les prestations », soutient-il.

L’Etat devrait aussi augmenter l’enveloppe de la gratuité ciblée, construire d’autres hôpitaux pour désengorger les établissements sanitaires afin de réduire les charges des hôpitaux existant et demander aux populations de prévoir le minimum pour se soigner, car l’Etat seul ne peut pas tout faire.

A l’Hôpital général de Yopougon Attié, les réalités sont toutes autres. Le généraliste, Dr Paul Mangoua, confie qu’avant de prescrire les médicaments aux patients, il s’assure de leurs disponibilités en pharmacie.

« Lorsque de nombreuses personnes affluent, surtout à la suite d’accidents de la route, il est difficile de demander à une personne traumatisée, qui souffre physiquement, d’acheter ses médicaments. Parfois, nous sommes obligés de débourser de notre propre poche pour acheter des médicaments pour eux, sans être remboursés ultérieurement », explique-t-il.

Un autre problème majeur est le cas des patients non accompagnés. Ces patients se débrouillent comme ils le peuvent pour prendre en charge leurs propres soins, sans avoir de proches pour les aider.

Toutefois, il préconise la construction d’espaces d’attente pour les proches de patients et plaide pour que les hôpitaux généraux remplissent pleinement leur rôle d’hôpital général. « Les patients devraient d’abord être évalués avant d’être éventuellement transférés au CHU, pour faciliter notre travail. En tant que praticiens, nous devrions organiser des séminaires de formation pour expliquer à nos collègues comment procéder », conclut-il.

 

Les parents de malades font l’amalgame entre les soins, médicaments de la gratuité ciblée et les recouvrables

Sandrine Konaté Kouakou, préparatrice gestionnaire en chef de la pharmacie à la FSUCOM de Wassakara-Attié, révèle que les médicaments et soins de la gratuité engendrent des malentendus avec les patients et les parents de patients qui refusent de débourser de l’argent, considérant que tout devrait être gratuit.

Au nom de la FSUCOM, elle appelle à une sensibilisation renforcée sur les médicaments de la gratuité ciblée, les médicaments recouvrables et les soins, afin de clarifier les confusions auprès des populations lors de l’achat de médicaments dans les établissements de santé.

Elle exprime également, le vœu que la Nouvelle Pharmacie de Santé Publique de Côte d’Ivoire dispose de tous les médicaments en pénurie et très demandés, tels que le paracétamol injectable, le Recevar pour la fièvre, le Spasfon pour les douleurs abdominales, et en particulier le Tramadol injectable pour les douleurs intenses et le Vogalène injectable.

Le pharmacien de l’Hôpital général de Yopougon Attié, Dr Everali Ahoussou, précise quant à lui, que les médicaments manquants actuellement sont ceux de la gratuité. Il explique que l’hôpital a besoin de ces médicaments mais la NPSP ne peut fournir que ce qu’elle peut. Au départ de la gratuité ciblée, l’hôpital disposait davantage de références pour les patients, mais celles-ci ont rapidement diminué.

Il souligne que le matériel médical est coûteux, mentionnant que rien qu’une commande de laboratoire coûte 10 millions de Francs CFA. Avec le budget alloué aux médicaments et au matériel, il est difficile de tout fournir gratuitement.

Dr Ahoussou évoque également les problèmes d’espace, tant pour la pharmacie que pour le stockage des médicaments. Il plaide pour une meilleure subvention de la NPSP-CI par l’État, et si la prise en charge totale de la gratuité est difficile, il suggère de demander une contribution financière aux patients.

Contrairement à l’hôpital général de Yopougon-Attié, le chef de service de la pharmacie du CHU de Treichville, Dr Magloire Amichia, affirme avoir régulièrement à disposition les médicaments de la gratuité ciblée. « Ici, nous n’avons pas de problème avec les médicaments de la gratuité ciblée », confirme-t-il. Le véritable défi réside plutôt dans la compréhension de la gratuité par les populations, car beaucoup pensent à tort que tous les soins et médicaments sont gratuits dans les établissements de santé publics.

« En revanche, l’accouchement et la césarienne sont gratuits. Mais après l’accouchement, d’autres soins nécessaires ne sont pas gratuits. La politique gouvernementale de gratuité est rigoureusement suivie. La NPSP ne fournit que les médicaments et soins réellement gratuits, pas les recouvrables », précise-t-il.

Les causes de l’indisponibilité des médicaments se situent à plusieurs niveaux (NPSP-CI)

« L’une des raisons pourrait être l’indisponibilité des médicaments au niveau central, c’est-à-dire chez le fournisseur des établissements de santé, la Nouvelle PSP CI. Cependant, ces problèmes peuvent également découler d’insuffisances, notamment, des commandes non mises à jour, des réceptions partielles de quantités, des erreurs de commande ou des quantités insuffisantes en raison de retards de paiement, d’intervalle de commandes trop rapprochés (…) », explique un responsable de l’entreprise pharmaceutique.

Toutes ces problématiques ont été adressées au nouveau directeur général de la NPSP-CI, Dr Kouyaté Ibrahim, qui a mis en place des projets de développement visant à améliorer et renforcer la disponibilité et l’accessibilité des médicaments pour les populations.

Dans l’objectif de rapprocher les médicaments des populations, la NPSP-CI a étendu ses activités en créant des dépôts régionaux en plus des agences régionales. Le dépôt régional de Man, implanté au CHR de Man, a été inauguré le 22 décembre 2022. Les dépôts de Korhogo et d’Odienné seront opérationnels d’ici la fin d’août 2023. À terme, elle prévoit d’établir 12 dépôts régionaux et sept agences régionales.

Cette proximité avec les établissements de santé permettra de mieux répondre aux besoins des populations, de réduire les délais de livraison et d’optimiser les capacités de stockage tant au niveau des établissements de santé que de la NPSP-CI. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’amélioration de l’accessibilité géographique aux soins via le développement d’un réseau de soins de proximité, lancé par le ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie Universelle, Pierre N’Gou Dimba.

Elle a également, entrepris d’optimiser le processus de quantification des besoins en médicaments et intrants stratégiques afin d’acheter des produits conformes à la demande des clients. La révision de la politique commerciale en cours devrait également renforcer la proximité entre la NPSP-CI et ses clients.

En ce qui concerne la distribution des médicaments et des intrants stratégiques aux établissements de santé publics et parapublics, le responsable explique que cela repose sur un calendrier préétabli. Les établissements de santé ont la possibilité de passer leurs commandes via un système électronique (eSigl) et de les soumettre en respectant les délais de dépôt. La fréquence de livraison des commandes, initialement de 30 jours, a été réduite à une semaine.

 

 

Source : AIP

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