Contrairement à l’information qui a largement circulé sur les réseaux sociaux, vendredi 20 octobre 2023, faisant état de neuf victimes, dont trois décès, suite à une consommation de repas « Garba » par les élèves d’un collège privé à Yopougon, après des investigations les lundi 23 et mardi 24 octobre 2023, fait un démenti formel pour dire qu’il n’y a eu aucun cas de décès.
« Yopougon ! Victime de moqueries de la part de ses amis à l’école, un élève en classe de 3e empoisonne 9 de ses camarades après leur avoir acheté du garba. Pour l’instant, on déplore 3 décès et 6 hospitalisations », telle est l’information qui circulait sur les réseaux sociaux depuis le vendredi 20 octobre 2023.
Le lundi 23 octobre 2023 à 16h, une équipe de l’AIP s’est rendue au collège privé « Savant 2 », situé au quartier Béago de la commune de Yopougon, pour en savoir plus. Une fois sur place, nous sommes reçus par le Censeur de l’établissement du nom de Djabia Adingra. Celui-ci nous relate les faits du vendredi.
Selon Djabia Adingra, dans la matinée du vendredi 20 octobre, huit élèves de la classe de 3e 5, profitant d’une heure de pause, se sont rendus dans un « garbadrome » situé juste en face de l’école pour se restaurer. Ils disent avoir fait une cotisation de 1750 francs CFA, pour manger en groupe. Sur le lieu, ils disent avoir rencontré un jeune homme de moralité douteuse et indécemment vêtu, qui leur a intimé l’ordre de lui remettre l’argent collecté pour se restaurer.
Face au refus des élèves de céder à sa demande, il a arraché de force le téléphone portable d’un des leurs. Les élèves bénéficiant de leur surnombre, ont fini par récupérer le téléphone et commander leur repas. Le temps de se laver les mains en dehors de la salle à manger et de prendre place à l’intérieur où était déjà disposé le repas, ils ont croisé ce même jeune homme qui cette fois-ci, sortais de la salle à manger sans leur dire mot mais avec un regard pas catholique. Les huit élèves ont dégusté leur repas de garba jusqu’à ne laisser aucun grain de cette semoule de manioc. Retournés en classe pour suivre le cours de français, ils tous eu au même moment des malaises au ventre, suivi de céphalées.
Immédiatement, tous les huit élèves présentant les mêmes manifestations symptomatiques, ont été admis à l’infirmerie de l’école pour recevoir les soins de première nécessité auprès de l’infirmière, Mariame Bamba.
Vu la persistance des douleurs et la gravité de certains cas, les parents ont été alertés d’urgence et les élèves ont été conduits dans différents centres de santé. Mais avant, ils ont bénéficié de soins traditionnels des femmes vendant des vivriers non loin de l’école, notamment de l’huile rouge et de la pierre noire, ce qui a provoqué des vomissements de ce qu’ils avaient consommé.
Cinq avaient été admis au centre de santé communautaire de Yopougon toits rouges, accompagnés de l’infirmière de l’école Mariame Bamba, deux dans une clinique non loin de l’école par leurs parents et un, au centre de santé communautaire de Yopougon Niangon.
Ils ont tous bénéficié de soins appropriés dans ces différents centres de santé et au bout de quelques temps d’observation, ils ont été libérés pour la plupart parce que leur état ne présentait plus aucun danger, à l’exception d’un des leurs qui a été conduit au Centre hospitalier et universitaire de Cocody, à cause de son état un peu critique et qui aux dernières nouvelles a été libéré et est rentré à la maison.
Ce même lundi de 19h05 à 19h30mn, nous avons pris le soin d’appeler tous les parents des élèves concernés au téléphone, pour nous enquérir de l’état de santé de leurs enfants. Ils ont tous répondu que leurs enfants allaient bien et qu’ils seraient présents à l’école le lendemain mardi 24 octobre 2023.
Le mardi 24 octobre 2023, l’AIP s’est encore rendu sur les lieux, cette fois, au commissariat du 16e Arrondissement de Yopougon, à l’école Savant 2, au « garbadrome », lieu de la mésaventure des élèves et au centre de santé communautaire de Yopougnon toits rouges.
Au commissariat du 16e Arrondissement de Yopougon, nous avons rencontré le Commissaire Fofana, qui nous a fait savoir que les enquêtes sont en cours et que pour l’instant, l’on ne peut avancer les thèses d’empoisonnement, ni d’intoxication, tant que les résultats des enquêtes ne nous ont pas encore situé sur la véritable cause de ces symptômes manifestées par ces huit élèves de cet établissement. Avec la police donc, nous attendons les résultats des enquêtes.
Au collège Savant 2, nous avons rencontré cinq élèves parmi les huit. Ils étaient au cours, deux autres s’étaient rendus au commissariat du 16e Arrondissement avec leurs parents, à la demande du Commissaire, nous a fait savoir le Censeur Djabia Adingra et un autre était resté à la maison pour faire sa convalescence, après avoir échangé avec son papa en notre présence.
Nous avons recueilli les témoignages des cinq élèves trouvés sur place, qui ont relaté exactement les faits, tels que relatés la veille par le Censeur de l’établissement. A la question de savoir s’ils allaient bien, ils ont tous répondu par l’affirmatif.
Nous-nous sommes ensuite rendus au bureau du Directeur des Etudes (D.E) de l’établissement, Dapo Séka, sur place nous avons retrouvé le chef de service à la sous-direction de l’hygiène et de la sécurité sanitaire des aliments, à la direction des services vétérinaires du ministère des ressources animales et halieutiques, Dr. Mory Kéita, qui y était présent pour s’enquérir des faits relatifs à la consommation du poisson thon faisant partie de la prérogative du contrôle vétérinaire. Mais déjà, des échantillons de l’attiéké et du poisson avaient été prélevés par les agents de l’Institut d’hygiène de Yopougon et acheminés dans un laboratoire pour analyse.
Le service médico-scolaire de Yopougon également était présent par le biais de l’infirmière majore Bonéta Zokou, pour voir l’évolution de l’état de santé des élèves victimes de ces troubles digestifs.
Le directeur Dapo Séka a exprimé son regret pour ce qui est arrivé à ses élèves le vendredi 20 octobre, qu’il a qualifié de « vendredi noir », et a exprimé sa reconnaissance à Dieu qu’il n’y ait pas eu de perte en vie humaine. Il a ensuite rassuré sur les mesures sanitaires, hygiéniques et sécuritaires d’urgences pour prévenir ce genre de situations dans son établissement.
Entre autres, l’interdiction formelle aux élèves de manger en dehors de l’école pendant leurs présences à l’école, le renforcement de la sécurité à l’intérieur et aux alentours de l’école, la sensibilisation des élèves sur les comportements à risques liés à la violence, à la consommation des stupéfiants, à l’alcool, et autres vices.
Le propriétaire du « garbadrome », Richard N’gouan Adom, dit avoir commencé à vendre le garba ce jour à partir de 7h30 et plusieurs clients en ont consommé, y compris lui-même, jusqu’à ce qu’autour de 10h30, il constate un attroupement devant l’école.
Aux nouvelles, il est fait état de huit élèves qui avaient mangé chez lui, il y avait juste quelques minutes, et qui seraient victimes de troubles digestifs. Selon son témoignage, c’est la première fois, qu’une telle scène se produit, depuis plus de 15 ans qu’il vend le même aliment dans le même endroit. Plusieurs personnes ont mangé ce jour, avant, pendant et après le passage de ces élèves, sans qu’aucun incident ne soit signalé.
Quelques instants après, un agent des sapeurs-pompiers de Yopougon présent sur les lieux, au même moment que la police nationale et la police des stupéfiants, lui a demandé de fermer son garbadrome jusqu’à nouvel ordre, après que les agents de l’Institut d’hygiène ont fait des prélèvements pour des analyses au laboratoire. A notre passage le mardi 24 octobre 2023, le restaurant de M. Adom était donc fermé et ce, depuis le vendredi 20 octobre 2023, nous a-t-il confié.
Nous nous sommes enfin rendus au centre de santé communautaire de Yopougon toits rouges, où cinq élèves avaient été admis le vendredi. Le médecin chef de ce centre de santé, la généraliste Dr. Tié Kouakou nous a confié qu’effectivement cinq élèves du groupe scolaire Savant 2, accompagnés de l’infirmière de leur école, se sont retrouvés dans leurs locaux le vendredi 20 octobre 2023, aux environs de 13h, en début d’après-midi, présentant tous les mêmes symptômes (douleurs abdominales et vomissements).
Après les examens d’usage, ils ont automatiquement bénéficié des premiers soins. Suite à cela, deux sont restés dans le centre de santé pour observation et trois ont été référés à l’hôpital général de Yopougon Attié et référés ensuite ailleurs, par manque de places, selon le rapport de l’ambulancier.
L’un est donc allé au Chu de Cocody avec notre ambulance et les deux autres ont été orientés ailleurs avec leurs parents qui les ont transportés dans leur voiture personnelle. Ces trois ont été référés parce qu’ils présentaient des douleurs plus intenses après les premiers soins.
En plus, ils étaient plongés dans un léger coma. Il fallait donc urgemment de les référer dans un centre de santé de niveau supérieur et c’est ce qui a été fait. Les deux qui ont été gardés en observation dans les locaux, ont été libérés le samedi 21 octobre 2023, lorsque nous nous sommes rendus compte qu’ils étaient hors de danger. Ils ont donc rejoint leurs domiciles respectifs.
Mais nous avons pris le soin de faire des prélèvements sanguins sur les deux que nous avons mis en observation ici et le district sanitaire de Yopougon, a convoyé ces prélèvements à l’Institut pasteur pour analyse. Nous attendons donc les résultats. Mais étant donné que c’est à la suite d’un repas, nous soupçonnons une intoxication alimentaire. Dans tous les cas, ce sont les résultats des analyses et des enquêtes qui nous situeront sur les vraies causes, a-t-elle ajouté.
Au total, nous retenons que contrairement à l’information devenue virale sur les réseaux sociaux le vendredi 20 octobre 2023, faisant état de morts d’élèves dans un collège privé à Yopougon, suite à un repas de « garba », semoule de manioc au poisson thon, un repas prisé par beaucoup de jeunes ivoiriens, surtout à Abidjan, il n’y a eu aucune perte en vie humaine.
La police nationale, la police des stupéfiants, l’Institut d’hygiène publique, le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, les sapeurs-pompiers, le ministère de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle, le ministère des ressources animales et halieutiques, le ministère de la justice, la presse et autres structures de protection des enfants et des élèves, se sont mobilisés pour chercher à comprendre ce qui s’est réellement passé. Tous attendent les résultats des enquêtes policières et des analyses médicales.
Ces élèves ont l’âge compris entre 14 et 18 ans et répondent aux noms de, dbm, eaea, gae, kkcv, kke, kkm, ocs, ymch.
Source : AIP
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