Confronté à une pénurie alarmante de sang observée pendant le mois du Ramadan correspondant au jeûne musulman, le Centre national de transfusion sanguine (CNTS-CI), sous la direction du Professeur Yassongui Mamadou Sekongo, a décidé de monter au créneau pour dissiper tout malentendu concernant des allégations sur l’incompatibilité entre le jeûne et le don de sang.
Alors que les fidèles musulmans, représentant 26 % des associations de donneurs potentiels, observent le jeûne depuis près de deux semaines, leur fréquentation des centres de transfusion sanguine a notablement diminué. Nombre d’entre eux semblent persuadés que le don de sang et le jeûne ne sauraient coexister.
Pour contrer cette perception erronée, réduisant ainsi l’approvisionnement en sang essentiel pour combler un besoin mensuel de 25 000 poches et prévenir des décès dus à la pénurie, le Professeur Sekongo apporte des éclaircissements.
« Après la rupture du jeûne, l’organisme se rééquilibre rapidement, permettant aux donneurs de reconstituer leurs réserves. Il n’y a donc aucun fondement scientifique à l’idée que le don de sang après la rupture du jeûne pose un problème », a-t-il rassuré, lors d’un entretien avec l’AIP, jeudi 14 mars 2024 à Treichville.
Ainsi, le CNTS-CI a lancé une campagne de sensibilisation auprès des fidèles musulmans pour les encourager à donner du sang. Cette initiative, soutenue par le Conseil supérieur des imams, des mosquées et des affaires islamiques de Côte d’Ivoire (COSIM), a permis de collecter plus de 12 000 poches de sang dès les premières heures, garantissant ainsi une réserve pour une dizaine de jours.
L’appel du Cheick Aima Ousmane Diakité, président du COSIM
Lors d’une réunion du comité exécutif hebdomadaire du COSIM tenue le mardi 20 février 2024 au siège du Conseil à Bingerville, Ousmane Diakité a encouragé les donneurs de sang issus des associations et des communautés musulmanes à maintenir un taux de don moyen de 25 000 poches par mois, même pendant le jeûne.
« Il est important de souligner que donner son sang est un acte citoyen, mais surtout un acte spirituel », a-t-il souligné, en référence aux enseignements coraniques qui prônent le don de sang pour sauver des vies.
Sous le regard attentif de l’équipe du Centre national de transfusion sanguine de Côte d’Ivoire (CNTS-CI), le président du COSIM a également rassuré les fidèles que le don de sang peut être effectué au moment de la rupture du jeûne sans aucun risque pour la santé. Il les a exhortés à poursuivre cet acte altruiste même après le Ramadan, tout en encourageant les autres à se joindre à eux dans cette noble cause.
Des associations de donneurs mobilisées
Parmi les 26% de donneurs musulmans, l’organisation non gouvernementale Force Tranquille, également connue sous le sigle FOTRA, mène une action soutenue depuis 2008, organisant quatre séances de don de sang par an. À l’approche du Ramadan, elle intensifie ses efforts en collaboration avec d’autres associations, ONG et structures pour organiser deux à trois séances supplémentaires de don de sang, un mois avant le début du jeûne, a confié son président Koné Ousmane.
En 2020, le CNTS-CI a enregistré 150 000 poches de sang. En 2022, avec l’implication du gouvernement le taux est passé à 215 000 poches. En 2023, le nombre est passé à 234 000 soit environ un gap de plus de 60 000 poches pour atteindre l’objectif de l’autosuffisance en produit sanguin qui est de 300 000 poches par an.
Source : AIP
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