Le paludisme dont c’est, jeudi, la journée mondiale, reste un fléau à l’échelle planétaire, malgré le démarrage de prometteuses campagnes de vaccination en Afrique.
“Malgré les efforts, le paludisme demeure un grave problème pour la santé mondiale, faisant payer un lourd tribut aux populations les plus vulnérables”, souligne Dr Daniel Ngamije, responsable du programme paludisme de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à l’occasion de la journée mondiale.
Appelée également malaria, cette maladie a causé en 2022 la mort de 608.000 personnes dans le monde, selon les derniers chiffres disponibles de l’OMS.
Cinq choses à savoir sur une infection causée par un minuscule parasite transmis par piqûres de moustiques, qui provoque fièvre, maux de tête et frissons jusqu’à devenir une affection grave, potentiellement mortelle, en l’absence de traitement.
– Près de 250 millions de cas –
L’OMS a estimé à 249 millions le nombre de personnes atteintes par le paludisme en 2022, chiffre en hausse de 2% par rapport à l’année précédente (244 millions).
Cette progression est due à une explosion de cas au Pakistan après des “crues catastrophiques” et à une expansion de la maladie en Ethiopie, Ouganda et Papouasie Nouvelle-Guinée.
Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, est celui qui a recensé le plus grand nombre de cas au monde en 2022 avec 66 millions, devant la République démocratique du Congo (RDC) avec 30 millions de cas.
Les nourrissons, jeunes enfants, femmes enceintes et personnes vivant avec le VIH sont les plus susceptibles de développer une forme sévère de la maladie.
– Surtout en Afrique –
L’immense majorité des cas (94%) et des décès (95%) surviennent en Afrique, qui continue de “supporter une part disproportionnée de la charge mondiale du paludisme”, déplore l’OMS.
La moitié de tous les décès par malaria se concentrent dans quatre pays africains: le Nigeria (31,1%), la RDC (11,6%), le Niger (5,6%) et la Tanzanie (4,4%).
Les victimes les plus nombreuses y sont les enfants de moins de cinq ans: en Afrique cette catégorie représente 78% des décès.
Toutefois à l’échelle de la planète, la mortalité infantile par malaria tend à reculer, avec une baisse de plus de 50% des décès annuels chez les moins de 5 ans depuis 2000.
– Menace du changement climatique –
Le dérèglement climatique avec ses inondations et vagues de chaleur a un “effet direct” sur la transmission et l’impact de la maladie, souligne l’OMS.
“Le changement climatique fait peser une menace importante sur les progrès contre la malaria, spécialement dans les régions vulnérables”, met en garde son chef Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Ainsi les inondations exceptionnelles qui ont frappé le Pakistan en 2022 ont entraîné une multiplication par cinq des cas de malaria dans le pays.
– Résistances “inquiétantes” –
Les traitements recommandés contre le paludisme sont des traitements à base d’artémisinine. Mais des cas “inquiétants” de résistance à ces médicaments sont apparus, en Asie du Sud-Est puis en Afrique.
Cette situation a conduit l’OMS à mettre en place, fin 2022, une nouvelle stratégie pour contrer ce problème émergent en Afrique .
Sur le même continent, l’apparition d’un nouveau moustique, en provenance d’Asie et de Péninsule arabique, Anopheles stephensi, est une autre source d’inquiétudes. L’insecte, désormais présent dans toute la Corne de l’Afrique ainsi qu’au Nigeria et Ghana, s’est montré résistant à bon nombre d’insecticides.
– Vaccination à grande échelle –
Le Cameroun puis le Burkina Faso ont lancé en janvier et février 2024 les premières campagnes de vaccination systématiques contre le paludisme, avec le vaccin RTS,S du groupe pharmaceutique britannique GSK.
Un deuxième vaccin, le R21, fabriqué par le Serum Institute of India (SII) et meilleur marché, va commencer à être distribué en Afrique en mai.
Ces deux sérums sont recommandés par l’OMS chez les enfants en bas âge dans les régions où la maladie est endémique.
Ces deux vaccins vont permettre de mieux contrôler la maladie et “de sauver des centaines de milliers de jeunes vies en Afrique”, selon le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Source : acotonou
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