Au Bénin, le paludisme demeure la première cause de consultation médicale. La saison pluvieuse est une période de recrudescence des cas de paludisme. Dans cette interview, Dr Félicien Edoun, médecin généraliste se prononce sur les mesures de prévention contre le paludisme et les précautions à prendre pour limiter les contacts avec les moustiques.
Que peut-on comprendre par le ‘’paludisme’’ ?
Le paludisme est une maladie fébrile (qui donne beaucoup de fièvre). Elle est causée par un parasite qu’on appelle le plasmodium, ça se transmet de personne malade à une personne qui n’est pas encore malade par un vecteur qui est le moustique. C’est la forme femelle qui provoque généralement le paludisme. La forme mâle se nourrit des fleurs. Le paludisme est souvent mortel surtout chez certaines personnes vulnérables. La maladie se transmet de façon indirecte ou directe.
Quel est l’état actuel dans les hôpitaux ?
Depuis la reprise des pluies vous avez également la recrudescence des cas de paludisme dans les centres de santé, que ce soit la forme simple ou grave avec parfois des décès. C’est une situation vraiment déplorable et tous les jours nous devons chercher les moyens de continuer à sensibiliser et prévenir surtout pour éviter ces cas de décès.
Pourquoi le paludisme est-il fréquent pendant la saison des pluies ?
Il faut comprendre qu’il y a un vecteur qui joue le pont entre les individus malades et les individus non malades : c’est le moustique. Ces moustiques ont des conditions nécessaires pour pouvoir se développer. Quand la pluie commence, les eaux usées se stagnent un peu partout aux alentours des maisons. Ces eaux sont généralement à l’origine de la multiplication de ces moustiques. L’eau est un élément important dans le suivi de ces moustiques et comme la pluie commence et que l’eau se stagne, il y aura forcément les moustiques.
Quelles sont les personnes les plus vulnérables ?
Il s’agit surtout des personnes qui ont une immunité faible. Toute maladie précédant le paludisme qui donne un système immunitaire faible à un individu peut être un facteur de risque comme par exemple quelqu’un qui fait le VIH et qui ne se fait pas traiter. Ça peut être également des sujets qui, à un certain âge, ont une immunité qui n’est pas encore assez solide pour pouvoir se défendre. C’est le cas des nouveau-nés.
Vous avez également les petits enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Ces dernières sont vulnérables à cause d’abord de la grossesse qui baisse leur immunité. Beaucoup d’entre elles n’aiment pas dormir sous les moustiquaires sous prétexte qu’elles se sentent étouffer. Il y a aussi les voyageurs ou ceux qui ne vivent pas dans le milieu endémique où il y a naturellement le paludisme.
Quelles sont les outils utilisés/ou stratégies connu (e)s pour prévenir le paludisme ?
Il faut savoir qu’il y a deux grandes stratégies connues pour la lutte contre le paludisme. Vous avez l’utilisation des moustiquaires imprégnées et la pulvérisation intra domiciliaire. La lutte anti-vectorielle est menacée par l’émergence de plasmodiums parfois résistant aux produits qu’on utilisait pour les chasser.
L’utilisation des moustiquaires imprégnées nécessite des conditions pour que ça soit vraiment efficace. Les moustiquaires imprégnées ont deux principes d’action, soit elles repulsent les moustiques ou elles les tuent à cause de l’imprégnation d’insecticide. Si l’effet d’imprégnation termine dans une moustiquaire, elle va perdre la capacité de tuer les moustiques et ils peuvent s’approcher facilement de ses moustiquaires. Il suffit que l’enfant dorme et se colle à la moustiquaire et facilement les moustiques vont piquer l’enfant. Les pulvérisations intra-domiciliaires sont devenues rares et c’est presque retirer des programmes pour la lutte contre le paludisme.
En dehors de ces méthodes, quelles sont les attitudes à adopter ?
Quand l’Etat fait tout pour donner des moustiquaires et que la population se procure de ces moustiquaires, elle doit respecter l’usage de ces moustiquaires à la maison pour éviter le paludisme. Ensuite, il y a l’assainissement du milieu qui doit être au cœur des actions de chaque individu.
Avec la période de pluie, il y a des eaux qui se stagnent un peu partout. Il faut trouver les moyens de remblayer tous les trous qui sont autour de notre maison pour diminuer la multiplication des moustiques. C’est vrai que c’est difficile de réussir cette méthode d’autant plus que Cotonou est pratiquement inondé. Dans les chambres et autres, il faut absolument que chaque individu mette des grillages à ses fenêtres, à ses portes pour éviter que les moustiques rentrent à l’intérieur. Généralement nous avons des toilettes à ciel ouvert ou les toilettes modernes avec des portes. Il faut apprendre à fermer les portes de ces toilettes. Apprenez également à fermer régulièrement les siphons dans les douches.
En dehors de ces éléments, il faut apprendre les soirs à porter aux enfants les habits convenables. C’est toujours dans l’intention de limiter les contacts entre les moustiques et les enfants. Il y a également l’utilisation des différents produits de pulvérisation que nous avons sur le marché ou les spirales anti-moustique. Si vous avez dans votre famille un asthmatique, quelqu’un qui fait la sinusite ou le rhume tout le temps, il faut éviter d’allumer les spirales parce que ça déclenche les crises.
Quant aux voyageurs, lorsque qu’ils rentrent de leur voyage, ils doivent faire leur chimioprophylaxie en utilisant les médicaments destinés aux voyageurs pour prévenir le paludisme.
Le vaccin contre le paludisme est désormais intégré dans le programme élargi de vaccination à partir de 6 mois. C’est déjà une réalité au Bénin. Il faut que les parents acceptent ces vaccinations. Vacciner les enfants, c’est déjà pour limiter la forme grave du paludisme et quand la forme simple sera là, ce sera facile à gérer.
Votre mot de fin
Il est très important que chaque individu, chaque parent prenne conscience que nous sommes en période de pluie et qu’il faut absolument prendre toutes les précautions pour pouvoir limiter les contacts avec les moustiques. Les moyens de prévention du paludisme, il faut les mettre en pratique pour éviter les contacts entre les moustiques et surtout les enfants. Nous allons ensemble réduire ou atteindre zéro paludisme au Bénin.
Source : acotonou
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