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Côte d’Ivoire / Insolite à Divo : Des évanouissements à répétition d’écolières au sein d’une école (Reportage)

Des jeunes filles élèves au groupe scolaire du village de ‘’Sur les rails’’, situé à 15 km de la ville de Divo, sur la voie de Guitry, tombent en transe et s’évanouissent, depuis le 9 janvier 2025, chaque fois qu’elles viennent à l’école.  Le journaliste de l’AIP s’est rendu, dimanche 12 et mardi 14 janvier, sur les lieux pour comprendre ce phénomène, que ni le chef du village, ni les enseignants, n’arrivent à expliquer, suscitant colère et inquiétude chez les parents d’élèves.

I/ – Un spectacle de confusion dans le groupe scolaire du village

Il est 10 h 50, ce mardi 14 janvier 2025, dans le village de ‘’Sur les rails’’, une bourgade qui s’étend sur une longueur d’un kilomètre, avec une station d’essence, une boulangerie, et des maquis-bars. Le calme et la tranquillité dans les rues tranchaient avec l’atmosphère de confusion totale qui régnait dans le groupe scolaire de ce village de près de 6000 âmes, selon la chefferie.

 . Pertes de connaissance en cascade chez une dizaine de jeunes filles de l’école

La cour de l’école grouillait de monde, à cette heure de la journée, où habituellement elle est silencieuse, parce que les élèves sont en classe. Parents d’élèves, élèves, et enseignants étaient dispersés en divers groupes dans l’enceinte de l’école et devant les classes. L’on pouvait lire sur les visages l’angoisse et l’inquiétude. Au fur et à mesure qu’on approchait, des pleures d’élèves se faisaient entendre, de même que des gémissements d’enfants en souffrance.

Devant nous, sur la terrasse d’une classe, étaient attroupés des adultes autour d’une jeune fille assise, livide, adossée au mur. Elle est traversée par des spasmes suivis de pleurs, quand elle tente de se lever. Un parent d’élève tente de la consoler. A côté de celle-ci, une autre fillette est soutenue par des femmes. Elle avait le regard hagard et était presqu’inconsciente. A quatre mètres,  ces deux premières fillettes, une troisième, également tombée dans les vapes, se met à gémir et semble suffoquer.

  • Prières et soins médicaux pour soulager les victimes

Un homme de Dieu, Zouma François, alerté, est arrivé de l’église catholique du village avec dans les mains une croix et une bouteille d’eau bénite. Passant d’une fille à l’autre, il leur appose la main et prie pour, selon lui, les délivrer d’un mauvais esprit qui serait la cause des malaises de ces enfants. Cela semble marcher pour des victimes qui ont retrouvé leur esprit à la suite des prières et incantations de M. Zouma.

Des parents d’élèves ont préféré conduire leur enfant au dispensaire du village, comme ce fut le cas la première fois, jeudi 09 janvier. Sept écolières avaient perdu connaissances et, après une prise en charge par le personnel médical, elles avaient retrouvé leur esprit et étaient retournées le même soir à la maison. Pour la situation du mardi 14 janvier, seulement deux fillettes sur la dizaine de victimes ont été envoyées au dispensaire par leurs parents. La majorité a bénéficié de séances de prières et de délivrance à l’école et à l’église.

II/ – Enseignants et parents d’élèves désemparés

Le conseiller pédagogique, Zoro Bi, venu s’entretenir avec les enseignants sur la situation, ce mardi (14 janvier), a été témoin des derniers faits qui l’ont laissé sous le choc, ne sachant quoi faire. « Nous sommes peinés et surpris par tout ça. Le constat aujourd’hui est amer, car nous avions mis les premiers cas de la semaine dernière sur le compte du stress des élèves, mais pour ce jour nous sommes tous sous le choc, enseignants et élèves, et les parents également qui ne comprennent rien dans ce qui arrive », a déclaré M. Zoro Bi.

Le directeur d’une des écoles du groupe scolaire, Gnahoré Noël, a déploré cette situation qui a conduit les responsables, avec l’accord de leur hiérarchie de fermer temporairement le groupe scolaire jusqu’au jeudi 16 janvier, le temps d’explorer des voies de solutions.

 

Selon M. Gnahoré, le problème est spirituel. Ce qui l’amené à organiser des séances de prières, en accord avec la chefferie et des guides religieux du village, dans la matinée du 10 janvier, dans la cour de l’école, au pied du mât, en présence des élèves. Par la suite, l’après-midi, les cours se sont déroulés sans problème, de même que toute la journée de lundi.

L’évolution rassurante de la situation a mis tout le monde en confiance au village jusqu’à la reprise des malaises des jeunes écolières, mardi 14 janvier, à 10 h 00, suscitant la colère chez certains parents d’élèves. En effet, dame Douesso Martine, belle-fille du fondateur du village et de l’école, ne décolère pas depuis que sa fille s’est évanouie dans l’après-midi du jeudi 09 janvier et ce mardi. En teeshirt orange défraîchi, de pas décidés, elle a fait irruption dans la cour de l’école, avec un tissu ceint à la taille sur son pagne. « Pourquoi ma fille tombe ? Trop c’est trop. Cette école ne fermera pas. Vous n’empêcherez pas nos enfants d’aller à l’école », a soutenu la mère en colère, semblant identifier, sans les désigner, des personnes qu’elle soupçonne d’être les responsables de cette situation.

Les faits marquants de cette situation, que l’on note, sont que seules les jeunes filles sont affectées et les mêmes victimes du premier jour constituent la majorité de la dizaine de victimes du mardi et elles sont dans la classe du Cours moyen première année (CM1) de l’EPP 1. Les enfants, de la maternelle au CE1, ne sont pas parmi les victimes.

Cette constance dans les faits suscite l’inquiétude de certains parents d’élèves qui envisagent de retirer leurs enfants de l’école, à l’image de dame Hyppolite Siba. Elle a conduit sa fille pour la seconde fois au dispensaire, après un premier cas d’évanouissement de celle-ci, survenu le 09 janvier.

« Mon mari n’est pas là, il est à Abidjan. On est resté ici à cause de ma fille, parce qu’elle fréquente (va à l’école). Mais, quand elle va à l’école elle tombe. Je vais enlever ma fille ici, je suis fatiguée », a déclaré Mme Siba, exaspérée.

III/ Les esquisses de solutions du chef de village, des parents d’élèves, et des directeurs de l’école

Le chef de village de ‘’Sur les rails’’, Toh César, le président du Comité de gestion (COGES) de l’école, Diomandé Bonéi Michel, également guide religieux évangéliste, les directeurs du groupe scolaire, et des habitants du village, sont unanimes pour reconnaître que le problème qui se pose est surtout spirituel, au regard des différents témoignages des victimes.

En effet, les victimes déclarent, pour certaines, avoir vu un masque avant de perdre connaissance, pour d’autres, elles expliquent avoir vu une vieille femme en noir avant leur évanouissement. La victime, Singo Géraldine, âgée de 13 ans, en classe de CM1, a perdu connaissance les deux fois où le phénomène s’est produit à l’école. « J’ai vu la sorcière sous le manguier, elle était habillée tout en noir et avait un canari sur la tête », a soutenu Singo Géraldine.

Fort de ces témoignages, les acteurs locaux du système éducatif ont décidé de solliciter l’aide des hommes de Dieu, chrétiens et musulmans, afin qu’ils viennent désenvoûter ou faire de l’exorcisme pour chasser les mauvais esprits qui viennent hanter les jeunes écolières. D’autres habitants privilégient l’approche de la tradition africaine et conseille de recourir avant tout aux us et coutumes pour régler les problèmes qui sont identifiables. Le fils du fondateur du village et de l’école, Singo Williams, père de la victime Géraldine, est de ceux qui privilégient la voie du recours à la tradition, relevant que cette histoire tire son origine dans la dernière élection du président du COGES, l’an dernier.

« Ce que les gens se sont dit lors de l’élection du président du COGES, c’est ce qui est en train de se produire, car certains ont déclaré que, s’ils quittent le COGES, l’école sera ingouvernable et c’est ce qui arrive », a expliqué M. Singo. Il a invité le chef du village à réunir les membres du COGES pour que, selon la tradition, un règlement se fasse pour une solution définitive. Il a relevé que depuis la création de cette école, qui date d’avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire, c’est la première fois qu’un tel phénomène s’y produit.

 

 

 

Source : AIP

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