La Plateforme des réseaux et faitières de lutte contre le Sida et les autres pandémies en Côte d’Ivoire a organisé, mardi 04 mars 2025, une conférence de presse à son siège sis Cocody Angré (Abidjan), au cours de laquelle elle a exprimé son inquiétude face à la forte dépendance des financements extérieurs de la santé et sa suspension depuis le 28 janvier.
Dépendant notamment du Plan d’urgence du président américain (PEPFAR) à travers l’USAID et le CDC, cette suspension “brutale” du financement a eu un impact dévastateur sur le terrain qui entrainent des conséquences désastreuses sur la réponse au VIH, la tuberculose et la lutte contre le paludisme.
En effet, les données révèlent une rupture d’approvisionnement en antirétroviraux (ARV) qui met en péril la vie de milliers de patients, l’interruption des examens médicaux essentiels (charge virale et tests, suivi médical et traitement), les difficultés d’accès à la prise en charge des populations-clés et des Orphelins et enfants rendus vulnérables du fait du VIH (OEV).
En Côte d’Ivoire, le PEPFAR a apporté plus de 2,3 milliards dollars US depuis 2004. Cela représente chaque année un investissement de plus de 100 millions de dollars US depuis 2008, et une contribution de 50% à 60% des financements de la lutte contre le sida chaque année, estimée entre 160 à 200 millions de dollars.
Cette aide suspendue liée au VIH/Sida compte 31 régions sur les 33 régions sanitaires, soit 94%, couvrant 72% de structures de santé et 43,9% de PVVIH, dont la majorité se trouve dans des établissements soutenus par le PEPFAR.
“Le gel de l’aide étrangère par les Etats-Unis depuis le 28 janvier 2025, pour 90 jours, est une catastrophe pour la santé en Côte d’Ivoire. C’est un cri de cœur que nous lançons à nos décideurs. Les médicaments manquent. Il est impératif d’agir sans délai pour éviter une crise sanitaire majeure. Nous remercions le gouvernement ivoirien et aussi américain pour le soutien apporté jusque-là. A présent, nous comptons sur le gouvernement pour prendre des mesures immédiates et efficaces”, a alerté la présidente du Réseau des ONG de lutte contre le paludisme, Gisèle Takaléa.
Au niveau du paludisme, cette suspension impacte la gratuité du traitement et du diagnostic offerts aux femmes enceintes et aux enfants de moins de cinq ans. Aussi, le même schéma se produit dans la prise en charge médicale de la tuberculose, sans oublier les conditions de travail des acteurs communautaires.
Comme réponse immédiate (dans les 72 heures), la Plateforme recommande un plan de contingence nationale qui prend en compte le volet communautaire avec une stratégie de communication bien définie (pour éviter les confusions d’acteurs), la sécurisation des services essentiels (approvisionnement en ARV et tests diagnostiques), un soutien aux acteurs communautaires.
Surtout, elle recommande à moyen terme (dans les 30 jours), un renforcement du financement national, à savoir atteindre au moins 15% du budget national, soient 70 milliards FCFA (selon le Protocole d’Abuja) et 5% du PIB, une diversification des sources de financements (renforcer le financement domestique avec le secteur privé et les Fondations), renforcer le Fonds national de lutte contre le sida (FNLS), et organiser d’urgence les parties prenantes.
La Plateforme souhaite l’implication effective du gouvernement, de la société civile, des ONG, du secteur privé, des partenaires au développement internationaux, des collectivités décentralisées (…), afin de construire une feuille de route collective pour la continuité des services de santé au-delà du plan de contingence déjà défini.
La Plateforme des réseaux et faitières de lutte contre le Sida et les autres pandémies en Côte d’Ivoire regroupe à ce jour, 12 réseaux et faitières de la société civile. Elle vise à renforcer la participation de la société civile dans les processus nationaux de planification et de prise de décision en matière de sida et les autres pandémies. L’un de ses missions consiste à veiller aux soins de qualité offerts aux patients souffrants de grandes pandémies par le système de sanitaire national.
Source : AIP
laissez un commentaire