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Burkina Faso / Éducation Nationale : L’E.P.P de Laleraba, symbole achevé de l’intégration Ivoiro-burkinabè

La vision des institutions africaines et des bailleurs de fonds sur les perspectives de l’intégration en Afrique de l’Ouest semble être bien perçue par certains pays. Cette vision est matérialisée par la Côte d’Ivoire et par son voisin, le Burkina Faso, dont l’Ecole primaire publique (E.P.P) de Laleraba (village situé entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, et distant d’environ 683 km d’Abidjan) se pose aujourd’hui en vraie conjonction de coordination entre ces deux pays de la sous-région ouest-africaine. Mieux, l’E.P.P de Laleraba ne laisse planer aucun doute sur sa qualité de symbole achevé de l’intégration entre les deux pays, eux-mêmes riches en bien des points d’un passé et d’un présent communs. Et ici, ce n’est pas un fait qui fâche. Voyage au cœur d’un vivre ensemble scolaire qui doit faire école.

Arrivé en septembre 2017, en qualité de directeur de l’E.P.P de Laleraba, Ouattara San fait noter qu’il fait régulièrement la navette de part et d’autre de cette frontière ivoiro-burkinabè. ”Les frontières étant ce qu’elles sont, (poreuses), il y a une facilité d’aller et de venir. Je suis donc là chaque jour. Eux aussi, quand ils ont un bout de temps, ils passent me voir“, confie M. Ouattara.

L’essence de cette collaboration

”Présentement l’École primaire publique de Laleraba compte 413 élèves. 300 sur ces 413 élèves, nous viennent de la Côte d’Ivoire. Ce qui se passe concrètement, c’est que souvent, il y a des enfants qui ont des parents burkinabè qui vivent en Côte d’Ivoire. Ces derniers envoient leurs progénitures fréquenter ici chez nous (ndr: en Côte d’Ivoire). Compte tenu de la distance qui nous sépare, (elle n’est pas très grande mais elle est cause de nombreuses difficultés), nous préférons que les enfants commencent le CP1 et le CP2 là-bas, le temps qu’ils aient la force, pour venir chez nous. Il y a aussi des enfants nés au Burkina Faso où ils ont obtenu le Certificat d’études primaires élémentaires (C.E.P.E) , et qui vont à Kaouara et à Ouangolo (villes de la Côte d’Ivoire) pour fréquenter. Idem pour des petits burkinabè qui quittent Ouangolo ou Laleraba, le CEPE en poche, et qui viennent chez nous. En pareille situation, ils sont redirigés vers Niangoloko (une commune du Burkina ) pour continuer leur cursus scolaire. L’intégration se passe parfaitement bien, et elle est chaque jour manifestée par ce genre d’initiatives communes. Il n’y a vraiment pas de problème à ce niveau.”, explique encore M. Ouattara.
Et à ce dernier de continuer pour dire comment la bonne compréhension mutuelle favorise une synergie d’actions qui ont lieu dans l’un ou l’autre camp. Évoquant, par ailleurs, la grande sagesse avec laquelle l’épisode de la crise de la COVID-19, avec son lot de fermeture de frontières, a été conjointement gérée par les autorités frontalières des deux pays, M. Ouattara ne s’empêche pas, chaque fois qu’il en a la force, de témoigner sa gratitude à ces dernières, qui ”nous ont vraiment compris, parce que si nous devions rigoureusement tenir compte des mesures barrières, l’école Laleraba Burkina aurait fermé. Car, si vous soustrayez 300 élèves d’un effectif de 413, combien va-t-il vous rester, sur une école de six classes ? Nous remercions donc les autorités sur place. Elles ont compris la situation et ont laissé passer les enfants.”

A en croire M. Ouattara, lorsque cette situation de crise perdurait, des salles de classes ont fermé, côté Côte d’Ivoire. Par contre, fait-il observer, ”le Burkina a mis en place un plan B qui a consisté à libérer les classes du CP1 au CM1. Pour éviter une année blanche, il fallait tenir avec les élèves en classe d’examen. Donc les classes de CM2 ont repris, après la Covid-19, avec un à deux mois de cours intensifs qui nous ont ainsi permis de passer les examens de fin d’année. Seul hic, cette programmation a occasionné une perturbation de la période des vacances, puisque nous sommes allés jusqu’en juillet. Les congés des enfants ont donc été raccourcis de deux à trois mois, soit un mois et demi de vacances pour eux finalement.”
Poursuivant, il confie que ces difficultés sont portées à la connaissance des autorités étatiques : ”nous rendons chaque fois compte à la hiérarchie. Chaque année, je fais le point de l’effectif, en début d’année et en fin d’année, pour voir ceux qui sont restés en cours de route (les abandons), en comprendre les causes, et leur assortir des solutions qui conviennent, car chaque problème ici est spécifique à chaque région. A l’Est et à l’Ouest, par exemple, les questions de l’orpaillage et du mariage forcé sont largement à la base de la désaffection des salles de classes. Chez nous, dans la région de Laleraba, c’est le commerce qui attire hors des classes. Les enfants sont à une frontière qui grouille de monde, et donc de potentiels clients. Ils en profitent pour vendre de la boisson non alcoolisée, des beignets et autres. Au fur et mesure qu’ils se font un petit bénéfice, ils privilégient cet ‘argent en vitesse’ et abandonnent l’école. Nous travaillons donc à sensibiliser les parents par rapport à cette situation. J’espère pour ma part que les parents dans leur grand ensemble comprennent notre démarche.”, plaide t-il.

Source : aouaga

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