Mon nom à l’état civil est Brice Kouadio Konin. Et mon nom d’auteur est Brice Konink. Je suis ophtalmologue et écrivain. Je suis aussi titulaire d’un Master en communication et marketing et d’une Maîtrise en sociologie. Par ailleurs, je suis vice-président du comité local de la Croix-Rouge de Bondoukou et également commissaire aux comptes de l’Association des écrivains de Côte d’Ivoire (AECI).
Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire ” Souffle ”
J’ai été piqué par le virus de l’écriture quand j’étais enfant. Et cette passion s’est particulièrement exprimée dans la création poétique. Je crois que j’ai aimé l’énergie et la mélodie de la poésie avant qu’elle m’aime et se saisisse de moi pour ne plus me lâcher. C’est un art complet qui m’a parlé très tôt, et qui continue de le faire. Pour en revenir à mon recueil de poèmes, il faut savoir que Souffle est le résultat d’un besoin d’affection maternelle dû à la disparition précoce de mes géniteurs, surtout celle de ma mère, et cela, alors que j’étais en classe de Première (ironie du sort, Souffle est destiné aux élèves de la classe de Première). Donc cette double disparition avait infléchi ma vie et il fallait l’exorciser.
Pourquoi avoir choisi ce titre ?
Souffle parce que j’avais ressenti un second souffle m’habiter grâce à la poésie qui m’avait fait sortir de l’enlisement et de la perte du goût de vivre provoqués par le décès de mes parents. Ce qui maintient une personne en vie, c’est bien le souffle. C’est le souffle qui conditionne tout être vivant. à l’intérieur de «souffle», nous retrouvons « ouf » qui est une interjection exprimant le soulagement. Donc les vers de Souffle, qui sont des vers semence, des vers nectars, m’ont aidé à pousser un ouf de soulagement après la période assez pénible que j’ai traversée. Souffle est une force consolatrice, un refuge, un recours pour panser nos plaies morales et psychologiques. C’est une œuvre littéraire placée sous le sceau de la palingénésie avec la construction d’un être nouveau, sous un horizon neuf et transparent.
De quoi parle cette œuvre ?
Souffle est une œuvre qui reste attachée aux valeurs de nos sociétés africaines dans leur diversité ; puisqu’elle expose les faits quotidiens qui puisent leur source dans nos us et coutumes. Souffle œuvre au bien-être de notre commune Humanité et à la gloire de cet être humain sublime, cette Mère-première, que Dieu, dans l’éclair de son souffle, a créée de bonne heure pour le bonheur de l’homme. C’est pourquoi la majorité de mes poèmes sont dédiés à la femme, la femme africaine particulièrement, matrice du monde, qui livre ses secrets intimes à ceux qui savent la chérir, lui donner de l’attention. La femme est vie ! La femme est beauté ! La femme est poésie puisqu’elle est un océan d’amour et de bonté ! La femme, c’est le Sacré-Cœur qui purifie l’humanité de son amour, en la débarrassant de la couronne d’épines qui est sur sa tête. Pour moi, la femme est un recueil de poèmes qu’il faut lire dans le calme du matin, avec les yeux de notre cœur, pour l’aimer d’abord avant de percer ses mystères et la comprendre dans l’ombre de la nuit avec le cœur de nos yeux.
Pourquoi avez-vous décidé d’aborder un tel sujet ?
N’oublions pas que la société africaine, par essence, n’est pas seulement patriarcale, elle est aussi phallocrate. Mal inspirés par nos croyances fausses et nos préjugés erronés, nous nous rendons coupables de raisonnements faux. C’est la raison pour laquelle la question de l’égalité des droits entre hommes et femmes a pendant longtemps été un sujet tabou.
Malgré l’adoption de lois et la ratification de traités censés rectifier le tir, la vie des femmes ne s’écoule pas dans le rayonnement de ce printemps tant prôné ici et là dans des promesses creuses, sans contenance réelle. Chaque jour, les hommes prononcent le mot « égalité », le scandent, l’écrivent sans jamais le soutenir. On ne peut pas prétendre aimer sa mère et mépriser sa femme, aimer une poule et détester ses poussins. Le respect qu’un homme accorde à sa mère doit avoir la même hauteur que celui qu’il doit accorder à sa femme. Il ne s’agit pas pour moi de mener une guerre contre les hommes, mais de redonner à la femme la valeur à elle donnée par Dieu. Pour cela, il faut revoir la vision que nous avons de la femme, c’est-à-dire transformer cette vision imparfaite en une vision parfaite dans notre psyché collective, changer la pensée de l’homme en pensée de Dieu.
Quelle est la visée de cette œuvre ?
Mon recueil de poèmes Souffle paru chez JD Editions est un ouvrage qui se lit facilement parce que décrivant le quotidien de nos sociétés. à travers ce recueil, je veux revaloriser la poésie et la remettre au goût du jour, en cette époque où elle est de moins en moins lue, parce que jugée hermétique et donc rebutant le public et même certains éditeurs.
Mes poèmes proposent le rêve aux lecteurs pour qu’ils oublient, le temps de la lecture, les vicissitudes quotidiennes. Ils nous font fuir les tracas du réel en pansant nos plaies, en faisant sortir le papillon de sa chrysalide. Souffle est un genre de messie venu libérer les femmes de leur angoisse muette, de leur torpeur accablante. La femme est tout sauf un être inférieur, un être de souffrance. Pourquoi la femme doit-elle naître dans la souffrance, grandir dans la souffrance, et mourir dans la souffrance ?
Un proverbe africain nous rappelle que « la femme est la ceinture qui tient le pantalon de l’homme ». Quand un homme découvre la valeur d’une femme, c’est comme s’il a découvert un trésor, et il devient l’homme le plus heureux du monde. Effectivement, la femme aimante est un trésor d’amour, de dévouement, d’énergie, pour maintenir en équilibre l’édifice de la famille. C’est pourquoi le vrai trésor de l’homme est la femme. D’où cet hommage à la gent féminine à travers Souffle.
” SOUFFLE ” est inscrit au programme scolaire en Côte d’Ivoire, dites-nous quel est votre secret et si vous avez d’autres œuvres au programme scolaire ?
Souffle, à l’image de la poésie, la belle poésie fervente et nectar de la littérature, fait partie du fleuron des belles-lettres et du bien parler. Modèle langagier, la poésie, à travers mon œuvre Souffle, à l’instar des autres ouvrages étudiés dans nos écoles, est destinée à forger notre façon de penser le monde et à inculquer les valeurs morales et les vertus, le bon sens, le dévouement, la droiture, l’obéissance, la soumission au devoir et le goût pour le travail à nos jeunes élèves.
Pour moi, écrire n’a de sens que quand l’écrivain se fait aussi le porte-voix du peuple. Je m’inspire des faits quotidiens et la plupart de mes poèmes sont des expériences vécues soit par moi-même, soit par des proches. Je laisse très peu de place à l’imagination pure. Pour moi, la littérature devrait traduire nos faits sociaux et être très proche de nos réalités quotidiennes qui permet de nous défaire de nos défauts. Pour l’heure, Souffle est le seul de mes ouvrages qui figure au programme scolaire. Il est étudié en classe de Première.
Que doit-on retenir de ” Souffle ” en quelques mots ?
Je dirai que Souffle, une des jeunes figures enthousiastes de la poésie ivoirienne, est la matérialisation de ma passion pour la poésie et la toute première production de ma carrière d’écrivain-poète. C’est une œuvre majeure qui voit dans les profondeurs du cœur des êtres et des choses, là où les yeux ne peuvent pas voir.
Avez-vous écrit d’autres ouvrages ? Si oui, lesquels ?
Cette œuvre est officiellement ma deuxième œuvre littéraire publiée. Mais il est nécessaire de préciser qu’elle est ma première production puisque certains poèmes de ce recueil datent des années 90, quand j’étais au second cycle.
Je suis aussi l’auteur de : Un préservatif au couvent (nouvelle, prix Edition SILA-2019), La Rivière maudite (nouvelle), Akissi ou la force du destin (roman), A l’ombre du feu (conte), Le ballet des hypocrites (nouvelle).
Envisagez-vous un prochain livre ? Si oui, sur quel sujet et pourquoi ?
écrire est une passion pour moi. Je suis en gésine : un autre recueil de poèmes sort bientôt et je pense que je serai encore avec vous pour le présenter. Souffrez que je n’en dise pas trop à ce sujet. On ne voit l’enfant que quand il est né.
Juste un peu de patience. Mais, pour l’heure, je peux dire que ce recueil de poèmes à paraître est un chant de cygne pour la sauvegarde de notre patrimoine ancestral. C’est aussi un hymne en l’honneur de nos résistants africains terrés dans le sable mouvant du silence et jetés aux oubliettes. Et j’ai une dizaine de tapuscrits que je continue de peaufiner afin d’offrir des œuvres de bonne qualité à mes lecteurs.
Avez-vous reçu des prix honorifiques ? Si oui, lesquels et en quelle année ?
J’ai été lauréat de divers petits prix littéraires. Mais, la première œuvre littéraire qui m’a révélé au public, Un préservatif au couvent a reçu le Prix Edition SILA 2019. Je suis convaincu que je décrocherai bientôt d’autres prix littéraires majeurs.
Avez-vous d’autres activités ? Si oui, lesquelles ?
Je suis un passionné du métier de la terre. Donc, à mes temps libres, je suis un agriculteur, je fais de la cacaoculture.
Mot de fin
Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’avez offerte de me présenter aux lecteurs. Le livre, qu’on le veuille ou non, est la mémoire de l’humanité. L’art doit se mettre au service du Bien, au service de l’Humanité. Bien écrire, c’est écrire utile; c’est aider à rompre la digue de la médiocrité. L’écrivain qui oublie cela n’est pas meilleur que les forces prédatrices qui obstruent nos vies. L’écrivain se doit donc de proposer une société meilleure: il s’agit de guérir les plaies sociales. Il faut également proposer le rêve aux lecteurs pour qu’ils oublient, le temps de la lecture, les vicissitudes quotidiennes.
Aussi voudrais-je encourager les uns et les autres à beaucoup lire. Que Souffle ne s’éloigne jamais des yeux et de l’esprit des élèves et de nos lecteurs. Je termine cette interview en remerciant monsieur Jean DERBE, Directeur Général de JD EDITIONS, qui est toujours à l’écoute de mes besoins et qui m’a toujours manifesté sa gratitude. Mes remerciements vont aussi à l’endroit de monsieur Sylvestre OUREGA, qui m’a fait connaître au public et à toute l’équipe de JD EDITIONS
Source : JD Magazine et Télévision
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