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Santé / Gagnoa en voie de gagner le pari sur la baisse de la mortalité néonatale et infantile

Selon la science, l’objectif de tout accouchement est de voir vivre la mère et le nouveau-né. Malheureusement, en Côte d’Ivoire, selon le  Chef du Service de Pédiatrie du CHU de Bouaké Pr Assè Kouadio Vincent, professeur titulaire de pédiatrie, les mortalités néonatales et infantiles sont demeurées longtemps élevées et permanentes, passant de 34 % et 60 % en 2016, respectivement à 33 % et 58,6 % en 2019.

À l’hôpital général de Gagnoa, rebaptisé « Hôpital du Bonheur », malgré le plateau technique « satisfaisant », aux dires de son directeur, le Dr Yao Kouakou Adolphe, la mortalité hospitalière pédiatrique est demeurée élevée, surtout celle des nouveau-nés hospitalisés. Pour y remédier et sur demande de l’hôpital général de Gagnoa, un  spécialiste du CHU de Bouaké y a été affecté depuis le 22 avril 2021. Au vu des chiffres obtenus, Gagnoa semble gagner année après année, le pari de la lutte pour la baisse drastique de la mortalité néonatale.

 

État des lieux

Selon le directeur régional de la Santé du Gôh, Dr Guédé Gnolou Abel, « bien que le taux de mortalité des mères en couche soit en baisse notable, celui des nouveau-nés demeurait encore élevé dans le Gôh, surtout les prématurés. Mais avec l’arrivée de Pr Assé Vincent pour l’encadrement et le coaching des agents de cet établissement sanitaire de niveau 2, les décès néonataux ont été réduits de moitié, sur la période d’avril à juin de la même année, passant d’environ 24 % à 11,5 %. »

Malheureusement, « malgré ces efforts, le nombre des décès néonataux est resté encore élevé, surtout lorsque les nouveau-nés sont libérés tôt et confiés à leurs parents », a déploré le directeur de l’hôpital du Bonheur. L’on fait donc recours au Pr Assé Vincent, cette fois, pour y installer une unité de Soins mère kangourou (SMK) afin que « la mère s’approprie les bons gestes vis-à-vis d’un bébé de très faible poids, » dit-il. Ainsi, le 23 juillet 2021 est lancé officiellement au service pédiatrique de l’hôpital général de Gagnoa, l’unité SMK. Année après année, le constat montre que l’impact de cette unité est visible sur la mortalité néonatale et infantile.

Soins de bébé prématuré

Situation de la mortalité néonatale depuis 2020

Rappelons qu’en 2020, le service de Pédiatrie de l’hôpital général de Gagnoa avait enregistré 662 nouveau-nés, dont 123 décès. Soit un taux de mortalité de 18,58 %. « Ce taux élevé a conduit la direction de l’hôpital à mettre en œuvre des mesures en vue de la réduction de la mortalité et améliorer l’image du service de Pédiatrie, » fait observer le directeur.

Parmi ces mesures, la formation du personnel, l’équipement de l’unité de Néonatalogie, ainsi que la mise en place de la méthode Soins mère kangourou. « Les résultats ne se sont pas fait attendre », insiste le Dr Kouakou, avec déjà en 2021, un accroissement des admissions, passé à 767 patients. Malheureusement 130 décès sont comptabilisés, soit 16,94 %. L’on constate malgré tout, une baisse de la mortalité d’un point cinq (1,5 %).

Poursuivant dans la dynamique nouvelle, avec l’unité SMK, les efforts de tout l’hôpital vont se poursuivre. En 2022, pour 1 146 patients réceptionnés, le nombre de décès connaît une baisse en pourcentage, soit 12,02 %, malgré un pic numérique de 148 patients. Dans l’ensemble, l’hôpital du bonheur aura fait des progrès, passant d’un taux de mortalité de 18,58 % en 2020, à 16,94 % en 2021, pour atteindre 12,02 % en 2022.

Par ailleurs, pour les sept premiers mois de l’année 2023 (janvier-juillet), le nombre d’admissions des nouveau-nés enregistrés est de 886 dont 119 décès. « Il ressort de cette analyse situationnelle que, sur la période de 2020 à 2023, le nombre d’admissions a doublé alors que la mortalité a diminué de près de 40 % », note le directeur de cet hôpital qui attribue cette performance « à la double prise en charge des faibles poids de naissance » dans l’unité SMK.

En effet, la mortalité des nouveau-nés de faible poids de naissance est passée de 24 % à l’initiation de la méthode de SMK, à 7 % en 2023.

Dans la mortalité des nouveau-nés, il y a ceux du fait de leur faible poids, mais aussi ceux nés à terme avec un bon poids de naissance admis pour un problème de santé. La stratégie trouvée était d’ouvrir une unité rattachée à l’unité de néonatologie

Une maman avec en peignoir, tenant son bébé sur sa poitrine à hôpital Bonheur 

À ce niveau, l’observation a montré une augmentation de la fréquentation de l’unité, une diminution de la mortalité des prématurés et de manière générale, des enfants. Ce qui, toujours selon le professeur de pédiatrie, a fait qu’en fin d’année, non seulement le niveau de consultation a augmenté, mais aussi, il y a eu une diminution importante du taux de mortalité.

Selon le Pr Kouadio, « depuis 2019, l’État ivoirien, avec l’appui de partenaires comme l’Unicef et la France par le biais d’un Fonds spécial, a mis en place des unités de soins mère kangourou. »

Il a rappelé que « la première unité a été inaugurée en février 2019 au CHU de Treichville, puis un autre ouvert au CHU de Cocody. L’hôpital général de Gagnoa est le huitième établissement sanitaire en Côte d’Ivoire et le premier dans un hôpital général. »

Le praticien a fait savoir que cette technique « de peau à peau » augmente les chances de survie des bébés prématurés. En effet, le simple fait de serrer son bébé contre sa peau après l’accouchement est une intervention « hautement efficace et facile à réaliser » qui a démontré son efficacité pour sauver la vie de prématurés de faibles poids à la naissance.

À titre d’exemple, Pr Assé Kouadio Vincent a révélé que dans son service, « 250 bébés pris en charge de manière conventionnelle en couveuse et 230 autres, par le système de Soins mère kangourou a permis de faire le constat qu’il y a eu plus de décès chez les bébés mis en couveuse que ceux pris en charge dans l’unité mère kangourou. »

Comment maintenir le taux de mortalité néonatale et infantile en constante baisse, quand on n’a pas encore pu résoudre le cas des mamans qui, une fois parties de l’unité de soins, ont du mal à respecter correctement le protocole exigé pour maintenir l’enfant en bonne santé (respect de l’hygiène-tenir le prématuré huit heures d’affilées au chaud dans le peignoir et contre la poitrine de maman), et reviennent quelques semaines plus tard, non seulement tardivement, mais en plus avec un bébé quasi condamné ? s’interroge à voix basse, le directeur de l’hôpital, Dr Yao Kouakou Adolphe.

 

Source : AIP

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