Le phénomène des grossesses en milieu scolaire est un mal qui perdure dans notre système éducatif.
Selon le Directeur des Études,
des Stratégies et de la Planification, Mamadou FOFANA, sur 3323 912 filles scolarisées au cours de l’année scolaire 2021/2022, on note 5 833 cas de grossesses. On observe également une hausse des chiffres de redoublement de 15,6 % au primaire et de 15,3 % au secondaire.
Ces données ont été révélées le 31 mars 2022, lors de la présentation des statistiques scolaires du Ministère de
l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation.
Le dernier rapport du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) fait état de 3409 cas de grossesses en milieu scolaire des cas recensés en l’espace de 9 mois sur la période allant de septembre 2021 à mai 2022, en Côte d’Ivoire.
Selon ce rapport, l’Ouest du pays est la zone la plus touchée. « Ces phénomènes sont beaucoup observés dans la région de la Nawa avec 374 cas, du Haut Sassandra avec 296 cas, du Guemon avec 220 cas, de l’Agneby-Tiassa avec 200 cas et du Sud-Comoé avec 166 cas ».
Dans la région des montagnes à MAN, 20 cas de grossesses ont été enregistrés, au lycée moderne seulement pour le premier trimestre de l’année 2023, a annoncé le DRENA de Man en janvier 2023.
Cette information a été donnée lors d’une campagne de sensibilisation dont le thème était : « Grossesses précoces en cours de scolarité », a indiqué KONE PIFLO, du centre d’écoute de la Direction Régionale de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation (DRENA) de Man. Pour lui, « ces chiffres donnent froid dans le dos. C’est pour quoi il faut qu’on mette l’accent sur la sensibilisation. Il faut aussi sensibiliser à travers des messages forts pour adopter des comportements responsables et permettre aux apprenants d’éviter les prédateurs sexuels durant les congés afin d’éviter les grossesses à risques ».
TRAORÉ GNINTIÉ, Secrétaire général 1 de la DRENA de Man, signale qu’ avant d’ouvrir cette campagne de sensibilisation sur les grossesses en milieu scolaire, l’état des lieux, dans la DRENA de Man a été fait. « Ce choix n’est pas fortuit. En 2020, il y a eu 197 cas. L’année dernière, c’est-à-dire en 2021, l’on a enregistré 16 grossesses dans la DRENA de Man. Et c’est l’une des raisons du décrochage scolaire des jeunes filles.
Au retour des congés, les enfants reviennent toujours avec des grossesses », a-t-il déploré avant de les inviter à prendre leurs études au sérieux «L’école est le meilleur chemin pour préparer l’avenir. Ne la négligez pas. L’administration vient vous aider à aller de l’avant», dira-t-il. À Bongouanou également, au terme du premier trimestre de l’année scolaire 2022-2023, Vingt-trois cas de grossesses d’élèves ont été déclarés, a appris l’AIP le mardi 20 décembre 2022, au lycée moderne 1 au cours d’une campagne de sensibilisation sur les grossesses en milieu scolaire.
Selon le médecin du service médico scolaire et universitaire de Bongouanou, DR KOFFI ARMAND, ce taux pourrait connaître une hausse après les visites médicales, et atteindre celui de l’année dernière qui était de 88 cas de grossesses. Les porteuses sont en majorité en classe de 5ème et 4ème, précise-t-il.
Cependant, Il exhorte les apprenants à pratiquer l’abstinence sexuelle pour mieux se consacrer aux études ou à utiliser des méthodes contraceptives.
Outre les villes de Man et Bongouanou, les autres villes qui sont particulièrement touchées par ce fléau sont: Duékoué, Niakara, Abengourou et Abidjan.
Le président de L’ONG, SEED 4 AFRICA, JONAS KOUAME révèle: « Le taux de prévalence dans ces villes est de 40% et, donc, l’objectif est de pouvoir réduire les cas à zéro grossesse. C’est un objectif qui paraît illusoire mais qu’il n’est pas impossible d’atteindre », dit-il.
La campagne de sensibilisation «ZÉRO GROSSESSE À L’ÉCOLE» se tient depuis le 30 octobre 2022, pour prendre fin le 2 juillet 2023. Elle repose sur trois piliers : l’éducation sexuelle complète, l’accès à l’offre de services en santé de la reproduction au sein des établissements scolaires et l’existence d’un groupe technique de travail.
Rappelons que depuis 2013, l’Éducation Nationale fait de la lutte contre les grossesses précoces l’une de ses priorités. N’empêche qu’on dénombre encore autour de 3 700 cas chaque année. La Côte d’Ivoire est de ce fait encore loin de l’objectif « zéro grossesse » dans nos écoles
Les grossesses en milieu scolaire sont l’un des défis que doit relever le système éducatif en Côte d’Ivoire. Nous interpellons les décideurs à divers niveaux, afin qu’ils fassent des mains et des pieds pour freiner ce fléau dévastateur et destructeur de la jeune fille.
Notons que les risques liés aux grossesses précoces sont multiples. Il s’agit entre autres :
de la déperdition scolaire, des effets psychologiques, de marginalisation, de décès liés aux complications de la grossesse et de l’accouchement, des infractions dues aux avortements clandestins…
Pour beaucoup de jeunes filles, tomber enceinte durant la scolarité représente un risque de s’exposer à des sanctions sociales importantes.
Les grossesses précoces en milieu scolaire peuvent être prévenues. Il suffit de réduire le nombre de mariages avant l’âge de 18 ans, en suscitant la baisse du nombre de grossesses avant l’âge de 20 ans, en augmentant l’utilisation de la contraception chez les adolescentes, en réduisant le nombre de rapports sexuels non protégés.
SOYONS TOUS, POUR (0) ZERO CAS DE GROSSESSE EN MILIEU SCOLAIRE.
Source : JD Edition Mag et TV
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